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J’ai crié après un enfant…

Crier après un enfant
Oups… vous venez de crier contre un enfant…
C’est sorti tout seul : vous venez de crier contre Matis qui refuse de rester bien sagement couché sur son matelas de repos. « Aille-là, tu te couches tout de suite!!! ».  Il a eu peur de votre grosse voix… il s’est donc couché.  Vous pensez avoir gagné la bataille mais il n’en est rien. Vous êtes loin d’avoir gagné en fait!

Quand la peur prend la place de l’apprentissage

D’abord, Matis s’est couché parce qu’il a peur de vous et non pas parce qu’il a compris intrinsèquement les raisons pour lesquelles il doit demeurer couché sur son matelas. Et parce qu’il a écouté votre « demande », vous croyez qu’il a compris.  Ben non… La peur l’a simplement amené à éviter une punition ou une conséquence qu’il ne désirait pas.  Alors il s’est couché sagement, même s’il ne comprend pas, même s’il se sent incompris.

Un comparatif

Imaginez-vous dans votre magasin préféré : vous aimeriez tout posséder mais vous n’avez pas les sous pour tout acheter.  Vous pourriez voler certains articles mais vous ne le faites pas.  Votre décision peut être basée sur 2 raisons bien différentes. La 1ère : vous avez peur de vous faire prendre et de devoir subir une punition dictée par notre société. La 2ème : vous avez trop de respect pour les biens d’autrui pour effectuer un vol. Dans le premier cas, il se peut que vous vous laissiez tenter par un tout petit vol si vous être 100% convaincue ou convaincu de ne pas vous faire prendre. C’est pas que vous ne voulez pas voler… c’est que vous ne voulez pas vivre avec les conséquences si ça tourne mal! Dans le deuxième cas, vous ne vous laisserez jamais entrainée ou entrainé à effectuer un vol, peu importe les circonstances.  Vos valeurs et votre compréhension du monde viennent mettre les limites à ne pas franchir.

Mathis et la compréhension de la situation

En réussissant à le convaincre de demeurer calme sur son matelas par la peur, il y a de fortes chances qu’il se lève à nouveau lorsqu’une ou un collègue vous remplacera.  Il risque également de devenir « endurci » par votre ton de voix et ressentir de moins en moins la peur.  Pourquoi? Parce qu’en criant contre lui, vous avez mis un pansement sur le « bobo » au lieu de le guérir.  Parce que l’enfant a peur de vous au lieu d’avoir compris et intégré les vraies raisons pour lesquelles il doit demeurer calme sur son matelas de repos.

Une bataille à gagner

Même si aujourd’hui, Mathis est revenu se coucher, vous n’avez pas gagné la bataille contre lui parce que vous avez enfreint plusieurs règles : d’abord, celle du respect.  Un enfant mérite le respect, comme tout autre être humain sur cette terre.  Vous n’aimeriez pas vous faire crier dessus à l’épicerie parce que vous bloquez par inadvertance l’allée…alors pourquoi le faire à un enfant? Vous êtes loin d’avoir gagné la bataille puisque vous avez enfreint les limites éducatives et bienveillantes que notre beau réseau s’est établi comme balises à ne pas dépasser en tant que professionnelle et professionnel à la petite enfance.  Notre programme éducatif du MFA avec, entre autres, sa qualité éducative, sa théorie de l’attachement, son style d’intervention démocratique en est un bel exemple.  Ensuite, le guide sur la prévention et le traitement des attitudes et pratiques inappropriées rédigé également par le MFA qui interdit, entre autres, de menacer un enfant, de le dénigrer… et de crier contre lui, sous peine de devoir faire face à la DPJ dans certains cas. Dernière point : vous avez perdu la bataille en tant que professionnelle et professionnel parce qu’au lieu de tenter de répondre au besoin de l’enfant, vous avez répondu au vôtre.

Ces émotions qui nous étouffent!

L’humain n’est pas parfait.  L’humain a ses lacunes.  Il arrive que vous soyez « à boutte » comme on dit.  Les sentiments de colère, d’impuissance, de honte peuvent vous envahir.  Il se peut que vous vous sentiez seules ou seuls face à un enfant qui ne vous écoute pas.  L’égo risque de prendre « une méchante volé ».  C’est justement dans ces moments où, submergé par toutes ces émotions négatives, le corps et le cerveau entrent en ébullition.  C’est dans ces circonstances que le crie risque de sortir sans préméditation.

« Je ne crie jamais contre les enfants : c’était la première fois! »

Voici ce qu’il faut faire pour ne plus jamais recommencer.
  • Accepter que s’est arrivé et ne tentez pas de vous trouver des raisons. C’est arrivé, point.
  • Tentez de nommer les émotions que vous ressentiez : de la colère contre l’enfant? De l’impuissance?
  • Selon l’émotion que vous avez nommée, tentez de trouver une action que vous ferez aussitôt que vous la vivrez à nouveau. Prenez entente avec vous-même, à tête reposée, parce que ce n’est pas le temps de réfléchir lorsqu’on est en plein dans la tornade émotionnelle.  Il s’agit un peu du même principe qu’une pratique d’incendie : on se prépare dans notre tête et quand le drame arrive, alors on sait comment intervenir éducativement et dans la bienveillance.

Le plus important

Donnez-vous la permission de crier dans les cas de situations où l’enfant se met en danger comme lorsqu’il s’approche de la rue alors qu’une voiture passe par exemple. Enfin, gardez en tête que l’enfant n’est pas méchant : il est en apprentissage.  Il fait ce qu’on appelle des erreurs mais ce sont plutôt des apprentissages qu’il fait avec vous parce que vous êtes une personne significative pour lui.  Vous avez cette chance de compter pour lui.  Profitez de cette chance inouïe.   Mélanie Coulombe  
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