La comparaison chez les enfants : mon papa est plus fort que le tien !
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« Mon papa est plus fort que le tien; mon dessin est plus beau que le tien; je suis plus rapide que toi; ta robe est identique à la mienne » … Voilà ce que vos oreilles entendent chaque jour. Conséquemment, vous observez chez vos enfants de 3 à 5 ans des discussions ou des pleurs, des colères ou du rejet, des tapes ou des accolades… Se comparer, est-ce une pratique éducative à privilégier ou à bannir?
La comparaison comme pratique éducative
Se comparer, à la base, est une pratique qui est saine, voire même éducative. C’est en se comparant que les enfants apprennent les grandeurs (je suis plus grand que toi), les nationalités (ta peau est plus pâle que la mienne), les genres (toi tu es une fille et moi un garçon), les talents (toi tu es bon pour dessiner une voiture et moi une maison), etc.
Comme éducatrice et comme éducateur, vous placez les enfants dans des contextes de comparaisons. Par exemple, vous sortez le bac de voitures et demandez aux enfants de trouver le problème… Ah oui! Un bonhomme pirate s’est introduit dans le mauvais bac!!! Vous offrez des livres de style « cherche et trouve » où l’enfant doit comparer l’objet recherché à ceux qu’il voit dans l’image. Bref, sans vous en rendre toujours compte, vous provoquez des situations où l’enfant doit comparer sainement et où il stimule la sphère cognitive et la base des mathématiques.
Comparer sainement et de façon éducative permet de comprendre dans quelle « catégorie » on se situe, et ce, sans jugement. « Aujourd’hui, je fais partie des enfants habillés en robe et c’est autant une bonne idée que pour ceux qui portent un pantalon ». C’est de votre devoir comme modèle de valoriser les comparaisons saines : « Tu es plus petit que ton ami et c’est tant mieux, parce que dans le monde ça prend des gens plus petits et des plus grands! » ou encore : « Zamira ne mange pas les mêmes plats que nous parce qu’elle vient d’un autre pays, et pour nous, c’est un beau cadeau parce qu’elle peut nous permettre de goûter à de nouvelles choses! » Tant que vous parlerez de la différence comme étant drôle, importante, intéressante et éducative, les enfants l’intégreront comme telle.
Attention aux pièges de la comparaison
Il existe 2 pièges : l’un vient de vous et l’autre des enfants eux-mêmes.
Qui n’a pas déjà dit : « OK les amis, qui sera habillé en premier pour aller dehors? Les gars ou les filles? » Ici, clairement, on suppose qu’il y aura un perdant et évidemment, personne ne veut perdre. On donne alors le pouvoir aux gagnants.
Malheureusement, ce qui est éducatif est de garder tout le monde au même niveau pour protéger éventuellement des moqueries blessantes. Ici, l’éducatrice ou l’éducateur souhaitait probablement mettre les enfants en compétition afin qu’ils se motivent à s’habiller plus rapidement… ce qui n’est pas une intention éducative.
Qui n’a pas déjà dit : « Habille-toi Marco… regarde, tous tes amis ont été capables seuls sauf toi ! » Ici, on vient inconsciemment de comparer le groupe d’enfants, qui répondent aux attentes de l’adulte, à Marco qui n’y répond pas… On vient de lui envoyer le message qu’il est moins bon que les autres.
En clair, on vient de jouer avec son estime de lui… Outch! À force de se faire comparer aux « meilleurs que soi » on en arrive à abdiquer et à ne plus mettre d’efforts inutiles pour s’améliorer, parce que de toute manière, « on n’y arrivera pas… » Et vous savez qu’une bonne estime de soi est l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir aux enfants… alors, ne brisons pas cela avec des comparaisons malsaines et inutiles!
Enfin, l’autre piège se situe au niveau des comparaisons que les enfants font eux-mêmes entre eux et que vous n’avez pas suscitées. On voit cette pratique davantage vers 5 ans. « Mon bricolage est plus beau que le tien… moi je n’ai pas sali la table en mangeant, mais toi oui… je suis plus fort que toi… tu n’es pas capable alors que moi oui… etc. » Ces comparaisons, qui sont pratiques courantes chez vos plus vieux, ne sont pas à ignorer ni à interdire : elles sont plutôt à utiliser pour donner du sens : « tu as raison, tu es plus fort que ton ami parce qu’il est plus petit que toi… c’est super, car tu pourras l’aider quand il aura besoin de soulever un poids lourd… et lui pourra t’aider à t’habiller quand tu auras besoin de zipper ton manteau parce qu’il est très bon pour le faire! »
Mais ce qui est également très éducatif, essentiel et qui est au-delà de la comparaison est de ramener l’enfant à lui-même pour renforcer son estime de lui : ton ami a dit que ton dessin était moins beau que le sien… qu’est-ce que tu en penses toi? Est-ce que c’est vraiment important qu’il soit le plus beau d’entre tous? » N’oublions pas que dans la vie, même une fois adulte, il y aura toujours quelqu’un dans notre entourage qui tentera d’écraser les autres par des comparaisons vaseuses… vaut mieux alors protéger les enfants très jeunes à cette réalité en augmentant leur estime et leur confiance en soi le plus possible.
Alors oui, votre papa est peut-être plus fort que le mien… mais le mien fait les meilleurs biscuits au chocolat… et le vôtre les meilleurs gâteaux… et le mien (…) ? (bonhomme clin d’œil…)
Mélanie CoulombeCible Petite EnfanceLectures intéressantes :
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