Un enfant me tient tête… Trois questions toutes simples pour aider à intervenir

Vous prenez soin d’un enfant dans votre groupe qui semble vous tenir tête constamment? Vous annoncez qu’il est l’heure d’aller dehors et il refuse de s’habiller, faisant la « pâte molle » par terre. Vous demandez aux enfants de ranger leurs jouets pour se préparer au dîner, mais il y a toujours ce même enfant qui fait semblant de ne rien comprendre en vous ignorant royalement.  Enfin, durant le temps du repos, alors que vous demandez le calme, ce petit « entêté » met tous ces talents à profusion pour provoquer les plus improbables bruits de bouche qui font rire ses comparses. En clair, on dirait qu’il s’amuse à choisir le noir quand vous lui offrez le blanc. Un peu désarmant n’est-ce pas? La seule façon de s’assurer de bien intervenir face à ce problème – que j’appellerai ici DÉFI, pour plus de positivisme – est de se poser 3 questions simples…

Question 1 : pourquoi adopte-t-il CE comportement dans CE contexte?

Qu’est-ce qui explique le fait qu’il crache son dîner, alors que vous lui avez demandé de cesser ce comportement? Peut-être n’aime-t-il pas un nouvel aliment dans le repas. Si c’est ça, il a le droit de recracher l’aliment en question, mais d’une manière convenable que vous lui enseignerez. Qu’est-ce qui explique le fait qu’il frappe ses amis alors que vous lui avez interdit à maintes reprises? Peut-être que c’est parce qu’il n’a pas encore les mots pour s’exprimer, pour dire à l’autre qu’il n’est pas content. Si c’est ça, alors vous saurez qu’il est urgent de stimuler son langage et de l’amener à dire les choses au lieu de frapper les autres…

Question 2 : quel est SON objectif lorsqu’il adopte CE comportement dans CE contexte?

L’enfant fait le mou alors que vous lui demandez de s’habiller… pas pratique pour personne! Pourquoi? Peut-être parce qu’il n’aime pas aller dehors. Quel est son objectif alors en vous « tenant tête »? Ne pas aller dehors, bien sûr! En sachant ça, vous pouvez alors lui mentionner que vous comprenez son message, puis lui demander de choisir une activité ou des jouets qu’il aimerait amener avec lui dehors. L’enfant blasphème alors que vous lui avez expliqué très souvent que vous n’acceptiez pas ce genre de langage? Pourquoi ne vous écoute-t-il pas?  Probablement parce qu’il a plus de bénéfices à ne pas vous écouter qu’à vous écouter. Alors quel est son objectif en utilisant ces « gros mots »? Peut-être souhaite-t-il obtenir l’attention des amis ou votre attention, bien que négative. Ainsi vous saurez qu’il y a des moments où il est peut-être mieux d’ignorer ses propos sous peine de les alimenter…

Question 3 : quelles sont MES attentes comme professionnelle ou professionnel de la petite enfance?

Un enfant ne reste pas à la table durant le dîner alors que vous lui expliquez calmement qu’il doit demeurer assis sur sa chaise, comme ses amis le font si bien. Vous lui répétez à chaque repas et il arrive que vous appréhendiez ce moment puisque vous craignez que les autres enfants l’imitent. Demandez-vous si vos attentes sont réalistes éducativement parlant pour CET enfant. N’oublions pas que chaque enfant est unique. Y a-t-il plus de coûts que de bénéfices pour CET enfant de se faire reprendre à chaque repas dans le but qu’il demeure assis? Est-ce possible alors de baisser vos attentes, non pas pour « être fine ou fin avec lui », mais bien pour être plus éducative ou éducatif et pour assurer un bon lien d’attachement entre vous deux? Alors oui, peut-être serait-il préférable de lui permettre de se lever en lui demandant d’aller chercher le dessert ou de ramasser les serviettes de tout le monde. Ainsi, il bougera, mais dans un cadre éducatif et valorisant. Il existe malheureusement des éducatrices et des éducateurs qui n’acceptent pas qu’un enfant leur tienne tête. Mais qu’est-ce que ça veut dire réellement? Dans les faits, quand un enfant « tient tête » à un adulte, c’est davantage l’expression de son besoin ou de son inconfort qu’il lui partage. Ainsi, comme professionnelle et professionnel à la petite enfance, c’est votre devoir de déceler le message derrière le comportement de l’enfant, sinon son développement risque de ne pas être assuré à son plein potentiel. Par ailleurs, il existe également des éducatrices et des éducateurs qui « tiennent tête » aux enfants pour s’assurer un sentiment de contrôle sur son groupe. C’est alors que les émotions prennent toute la place : elles ou ils se fâchent parce qu’elles ou ils sont épuisé.e.s de répéter et répéter sans vraiment obtenir de résultats positifs auprès de l’enfant. C’est là qu’arrive le sentiment de perte de contrôle menant à la colère, la déception ou même le doute face à leurs compétences. Nous sommes des humains et les enfants sont des boules d’émotions sur 2 pattes, alors il est impératif que nous nous arrêtions pour nous questionner sur les attitudes des enfants ainsi que les nôtres qui en découlent. Trois questions toutes simples, mais qui résultent en des réflexions un petit brin plus ardues qui en valent, malgré tout, la peine! Mélanie Coulombe Cible Petite Enfance Lectures intéressantes :

• https://naitreetgrandir.com/fr/etape/3-5-ans/comportement/fiche.aspx?doc=bg-naitre-grandir-enfant-repond-argumente
• https://www.mamanpourlavie.com/sante/enfant/developpement/comportement-et-discipline/5823-mon-enfant-est-confrontant-quoi-faire.thtml?page=2