Utiliser les corridors comme aire de jeux… Abolissons 5 mythes à ce sujet!

On parle de faire bouger les enfants davantage… On parle de revoir nos façons d’intervenir… On parle de recherches qui préconisent les jeux libres et actifs… On parle, on parle… mais quand est-ce qu’on jase de la mise en place de tous ces beaux concepts dans notre réalité comme éducatrice ou éducateur en installation? Voyons voir ce qui a trait à l’utilisation des corridors comme aires de jeux :

Si j’utilise le corridor pour faire bouger les enfants, ils auront tendance à se sauver du local par la suite

VRAI ! Mais pour 3 semaines seulement. Si les enfants n’ont jamais pu être libres dans le corridor, il est vrai qu’ils auront tendance à en vouloir plus, toujours plus. Mais lorsqu’ils comprendront que le corridor est accessible pour eux, toujours après le dîner (par exemple), alors ils entreront dans cette routine au même titre que les autres. Vous pouvez également mettre une affiche de couleur dans votre porte : vert on peut aller dans le corridor et rouge on reste dans le local. Ça aidera les enfants à mieux comprendre les limites liées à leur espace de vie.

Si les enfants sont dans le corridor, je ne pourrai pas toujours les surveiller

FAUX! En tant qu’éducatrice ou éducateur, il est de notre devoir de ne jamais laisser les enfants sans surveillance. Ainsi, on assure leur sécurité, mais également on les accompagne dans leur développement. En enseignant à notre groupe les moments permis pour aller jouer dans le corridor, on s’assure d’être présente. Sinon, on peut travailler en équipe avec une collègue : « Je reste avec mon groupe et le tiens dans le corridor le temps que tu laves la table et passe le balai. Ensuite, on échange les rôles! » Ainsi, on est disponible quand même pour ceux qui préfèrent demeurer dans le local et on sait que les autres sont entre bonnes mains.

Lorsque les enfants sont dans le corridor, ils ont tendance à bouger davantage : on augmente alors les risques de blessures

VRAI … Mais encore une fois juste pour 3 semaines. Pour l’avoir vécu personnellement, les enfants qui ont nouvellement le droit d’aller dans le corridor seront comme « des petits veaux de printemps » (désolée pour l’image)! Ils vont courir partout, n’importe comment, et BANG, il y aura un face-à-face inévitable avec un ami. Eh oui… C’est ce qu’on appelle « faire des apprentissages ». Mais je vous assure qu’après 3 semaines, tous les enfants auront appris par eux-mêmes que pour se protéger, il faut courir tout le monde dans le même sens. Ce que j’ai remarqué également, c’est qu’après 3 semaines, les enfants ont réussi à parfaire l’art de courir sans se prendre eux-mêmes dans leurs propres pieds! Moins de chutes, moins de blessures. Laissons-leur le temps d’apprendre et de devenir meilleurs en développant leur motricité globale!

Si mes enfants jouent dans le corridor, ils vont nuire aux autres groupes qui font des activités calmes dans leur local

FAUX. Bon… oui c’est vrai qu’il sera peut-être plus difficile pour votre collègue de faire un bricolage avec ses enfants si vous faites « une course de 4 roues » dans le corridor avec les vôtres. Mais voyons les choses autrement si vous me le permettez. Si un enfant a le goût de quitter son bricolage pour aller bouger, ne devrions-nous pas le laisser faire puisque lui seul est en mesure de bien connaître ses besoins développementaux? Pourquoi ne pas alors le laisser rejoindre les amis qui bougent dans le corridor et demander s’il y en a qui seraient intéressés à prendre sa place dans le local? Sûrement que le ratio serait respecté quand même et on aurait alors répondu aux besoins de chaque enfant ici et maintenant. Ça demande alors une bonne collaboration entre les éducatrices et les éducateurs. Alors voilà pour ces mythes… C’est beau sur papier, mais il reste maintenant à expérimenter et à passer à travers ce fameux 3 semaines… Personnellement, pour l’avoir vécu avec ma super équipe d’éducatrices, ces 3 semaines valent la peine d’être vécues puisque les retombées positives d’utiliser tout l’espace disponible sont mille fois plus importantes que les efforts mis durant le temps d’adaptation. Des enfants plus calmes, plus à l’écoute, plus réceptifs… un climat général plus joyeux, puisque moins de problèmes de discipline, c’est ce qui arrivera assurément! C’est ce que tout le monde souhaite n’est-ce pas? Mélanie Coulombe Cible Petite Enfance Lectures intéressantes :

• https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/Documents/guide_gazelle_potiron.pdf
• http://www.aqcpe.com/nos-services/projet-petite-enfance-grande-forme/